Sur ses 320 pages de rapport remis au Parlement le 19 juin dernier, l’Observatoire de la formation des prix et des marges alimentaires a consacré 319 pages à l’analyse de la situation en 2016 et 2017. Une seule page se risque à la prospective, mais elle est digne d’intérêt. Car, sur demande du comité de pilotage de l'Observatoire, elle simule l’effet d’une augmentation de 10 % des prix agricoles domestiques sur les dépenses alimentaires des foyers.
À l’heure où la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire prévoit de redonner aux agriculteurs le pouvoir de fixer leurs prix de vente, cette projection apporte des informations objectives au débat. Même si l’Observatoire tient à souligner que ce chiffre de 10 % a été choisi de façon arbitraire.
Donc, si les prix agricoles domestiques augmentaient de 10 %, cela entraînerait mécaniquement une hausse de 4,4 % de la dépense d’achat en produits alimentaires domestiques. Les prix des produits des industries agroalimentaires et des boissons s'en trouveraient relevés de 3,6 %. « De quoi aboutir à 2,7 % de hausse de la dépense alimentaire totale (restauration et aliments importés inclus), et + 0,5 % sur la dépense totale des ménages, sachant que l’alimentation pèse 20 % des dépenses des ménages », indique l’Observatoire. Cette projection ne prend pas en compte l’effet de la hausse de prix sur le volume de la demande, mais seulement les transmissions mécaniques de cette hausse tout au long de la chaîne. « Pour y parvenir, nous simulons la hausse des prix de produits de chaque branche qui permet de maintenir sa valeur ajoutée au niveau initial. Et nous considérons, par ailleurs, que les taux de taxes et de marges de commerce et de transport restent constants », commentent les rédacteurs.
Autre simulation possible : si les niveaux de taxes et de marges restaient constants, et non plus les taux, alors l’effet sur les prix s’en trouverait encore amorti : il avoisinerait les + 2 %, face aux + 2,7 % dans le scénario précédent avec une progression de + 0,4 % de la dépense totale des ménages.
Alors même que le relèvement du seuil de revente à perte de 10 % fait déjà craindre une hausse des prix et crier au loup les associations de consommateurs ainsi que l’enseigne E. Leclerc, bille en tête, une telle inflation ferait nécessairement débat. D'autant qu'elle s'accompagnerait mécaniquement d'une hausse d'au moins 3 % des tarifs des industriels de l'agroalimentaire, sans autre effet, par ailleurs.
Ce scénario imaginé par l'Observatoire reste évidemment totalement hypothétique, mais il a au moins le mérite de projeter l'ensemble des acteurs et observateurs du marché alimentaire dans un scénario d'amélioration des conditions de vie des producteurs et agriculteurs français en amont.
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